Scuola del Cuoio

Scuola del Cuoio, entre atelier et commerce

En pénétrant dans les grandes salles qui mènent à la Scuola del Cuoio, le visiteur aura peut-être l’impression de s’être trompé d’adresse. De toute évidence, rien n’a été fait pour rendre cet endroit insolite, mi-école mi-espace de vente, particulièrement accueillant ni facile d’accès, de telle sorte qu’on serait presque surpris, après avoir traversé la cour, de rencontrer soudain autant de monde. Entre les apprentis artisans (parmi lesquels de nombreux Japonais) et les touristes ayant délaissé Santa Croce, on se demande un peu où on est.

Passée la boutique de souvenirs, bête (comme toutes les boutiques de souvenirs), le couloir principal, décoré de fresques peintes par l’école de Ghirlandaio et ornées des armoiries des Médicis, donateurs du dortoir, laisse entrevoir le passé du lieu. Sur le côté droit, protégés à mi-corps par leurs établis, des artisans s’appliquent sous le regard attentif des promeneurs. De l’autre côté, dans de petites chambres, sont exposées les pièces remarquables. Au-delà des commandes spéciales (modèles en daim, crocodile, python, autruche, parfois compliqués d’or, d’argent ou de pierre semi-précieuses, créés par Francesca Gori, fille de l’un des fondateurs), quelques pièces classiques brillent par leur qualité de fabrication et leur prix contenu. Le cuir tressé, notamment, mérite qu’on s’y attarde, même si le stock apparaît réduit. Attention toutefois aux fausses bonnes affaires. La mention « artisanat » ne doit pas empêcher la faculté de jugement.

Scuola del cuoio

Dès le XIIIe siècle, la proximité avec les rives de l’Arno a fait du quartier de Santa Croce le quartier de la transformation des peaux. Un même besoin en eau regroupait là tanneurs, teinturiers et fabricants de savon. Le travail des pelletiers a toujours été considéré à Florence comme une activité noble, les moines utilisant les plus belles peaux pour relier leurs parchemins.

La Scuola del Cuoio est née après la Guerre de la collaboration entre Marcello Gori et Silvano Casini, artisans du cuir ayant commencé leur carrière dans les années 1930, et les frères franciscains, conventuels de la basilique de Santa Croce. A l’origine, il s’agissait de fournir un enseignement technique aux orphelins afin de leur assurer un métier : maroquinier ou relieur. Les élèves apprenaient à différencier les cuirs, à couper les peaux à la main et à créer toutes sortes d’articles, des plus rudimentaires au plus techniques. Les plus doués fabriquaient des garnitures de bureau, des coffrets à bijoux, des valises, des malles ; les autres étaient cantonnés aux pièces plus grossières. Par la suite, l’accès à l’école fut élargi aux anciens prisonniers de la ville de Florence, ainsi qu’aux jeunes gens issus de milieux défavorisés, italiens ou non. Les cours de la Scuola del cuoio sont désormais ouverts à toute personne désireuse d’apprendre les techniques ancestrales de travail du cuir. Il est également possible aux étrangers de passage de s’initier au savoir-faire florentin le temps d’une formation plus ou moins longue (demi-journée, journée, semaine – les tarifs sont disponibles sur le site).

Depuis mai 1950, la Scuola del Cuoio ouvre ses portes aux visiteurs et commercialise les objets produits par ses élèves. Les premiers clients de l’école étaient des membres de l’armée américaine stationnés en Méditerrannée ou sur des bases terrestres en Europe. On raconte qu’au cours de son mandat présidentiel, le général Dwight D. Eisenhower utilisait un ensemble de bureau en cuir provenant de la Scuola del Cuoio. Si on ne compte plus les personnalités à être passées par la piazza Santa Croce, on ne sera pas étonné que, parmi elles, nombreuses soient américaines, hommes politiques, de Ted Kennedy à Ronald Reagan, acteurs (Cary Grant, Paul Newman) ou réalisateurs (comme Steven Spielberg). Fournisseur officiel du roi du Maroc et de la cour d’Angleterre, la Scuola del Cuoio approvisionne aussi en garnitures en cuir un certain nombre d’administrations publiques et d’hôtels de luxe tels que le Ritz.

On l’aura compris, la visite de la Scuola del Cuoio est à réserver aux amateurs de maroquinerie à l’ancienne – doit-on seulement appeler maroquinerie les articles à bas prix exposés un peu partout dans les rues ? Quant aux fashionistas blasés, ils pourront toujours en sortant trouver refuge au musée Ferragamo tout proche.

Scuola del cuoio
Piazza Santa Croce, 16 / Via San Giuseppe, 5/R
50122 Firenze
Tél. : +39 055 24 45 33
E-mail : info@scuoladelcuoio.com

Site : http://www.scuoladelcuoio.com.

Cette entrée a été publiée dans CARNET D'ADRESSES, FLORENCE, SACS & MAROQUINERIE and taguée . Placez un signet sur le permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.