Nous avons tous en mémoire O’Mast, le documentaire de Gianluca Migliarotti consacré aux maîtres-tailleurs napolitains, mais nous sommes-nous seulement intéressé aux maîtres-chemisiers ? Si j’ai souvent parlé dans ces colonnes d’Alessandro Siniscalchi, digne représentant d’un métier moins à la mode – n’exagérons rien – que celui de tailleur, je n’avais pas encore eu l’occasion de montrer la précision quasi démoniaque de son travail. Si le mot « perfectionniste » a un sens, alors il s’applique de plein droit à M. Siniscalchi, qui, d’essayage en essayage, s’attache à réaliser le meilleur compromis entre ajustement et aisance, avec toute la diplomatie qui convient. Les photos suivantes montrent successivement le premier essayage (modèle en toile), le second (le tissu est le tissu choisi mais col et poignets sont encore provisoires) et la chemise livrée (sachant que j’aurai tout loisir de la rapporter dans quelque temps si les ports et lavages nécessitent des corrections).
Maison Siniscalchi : l’excellence par l’exemple
L’embarras du choix. Un embarras supportable, il va sans dire, grâce à des tissus d’une exceptionnelle qualité.
Comme d’habitude, je n’ai pas été très fair-play, j’ai choisi un tissu difficile à travailler.
Premier essayage. Pour prévenir d’éventuels malentendus, je tiens à préciser que les poignets de manche – provisoires – sont déboutonnés.
Second essayage. Poignets déboutonnés toujours, et des épingles un peu partout.
Les connaisseurs auront reconnu un certain nombre de détails qui ne trompent pas. Fait significatif, M. Siniscalchi est loin d’abuser de la couture main (certains professionnels n’ont que le mot lavorazione à la bouche).
N’étant pas fan des initiales brodées placées sous la poitrine, j’ai choisi des les faire figurer sur le poignet droit. Une coquetterie, somme toute, discrète.
Merci à Alessandro et Cinzia Siniscalchi pour leur patience, et merci à Marcus Paolo Pace, notamment pour certaines des photos.
Laurent,
quel travail de qualité! Pouvez vous nous en dire plus sur le tissus?
Du beau travail!
Guilhem
Bonjour Guilhem,
Tout commence avec la matière, évidemment. Si je ne m’abuse, monsieur Siniscalchi propose un millier de références. Les tissus, d’origine italienne pour la plupart (exception faite de Simonnot-Godard), sont tous d’excellente qualité. Le prix d’une coupe de tissu est celui d’une chemise de qualité moyenne comme on peut en voir un peu partout. Si vous êtes de passage à Milan, n’hésitez pas ! Je peux me tromper, mais il me semble que monsieur Siniscalchi n’a besoin que de trois jours entre chaque essayage.
Cordialement,
Laurent