Le Stealth de Gianni Agnelli

Les voiles noires du Stealth

Une fois n’est pas coutume, nous avons fait le choix aujourd’hui de délaisser le monde du commun des mortels pour nous intéresser à un jouet – et quel jouet ! – puisqu’il s’agit du Stealth, dernier voilier de Gianni Agnelli, aujourd’hui entre les mains de ses petits-fils, John et Lapo Elkann. Que les lecteurs se rassurent, je ne vais pas me lancer dans une description technique ni de ce bateau aux qualités dynamiques exceptionnelles, ni de ceux qui l’ont précédé dans la vie riche et tumultueuse d’un homme considéré par beaucoup comme « le roi officieux de l’Italie ». A travers l’évocation du Stealth, je voudrais simplement revenir sur ce qui, pour le passionné de sport qu’était Gianni Agnelli, a constitué une passion à part entière, au même titre que Ferrari ou la Juventus de Turin. Une passion telle qu’elle devait conduire (grâce à l’engagement précieux de S.A. le prince Karim Aga Khan) à la création de la Squadra Azzurra, première équipe italienne à s’être engagée dans la Coupe de l’America et à avoir remporté la victoire.

Stealth en anglais signifie « furtif » : un clin d’œil aux avions furtifs américains de l’époque, le Lockheed-Martin F-117 Nighthawk et le Northrop B-2 Spirit. Le 93′ Performance Day Sailer Stealth a été dessiné par German Frers, architecte naval d’origine argentine, à la demande de Giovanni Agnelli au milieu des années 1990. Conçu pour succéder à l’Extra Beat, un sloop de 35 mètres lui aussi dessiné par German Frers et qui repoussait déjà les limites du possible en matière de superyacht, ce voilier hors normes n’avait qu’une seule finalité : être capable de battre tous les records de vitesse – ce qu’il fit. Couronné « Meilleur bateau 23-26 mètres » par les Superyacht Society International Design Awards en 1996, il devait notamment remporter en 2001 la Fastnet Race en mer d’Irlande. Sa particularité technique : une très large utilisation de carbone et de matériaux composites, inédite à l’époque et qui n’est pas sans avoir influencé Lapo Elkann en tant que designer indépendant. Sa particularité stylistique : de la coque aux voiles en passant par les éléments d’aménagement, tout (sauf le pont) devait être noir. Lubie de milliardaire ? Pas seulement. Ce n’est un secret pour personne, Gianni Agnelli était obsédé par la personnalisation. Nul autre que lui en Italie n’a poussé aussi loin le sens du détail (voir à ce sujet l’exposition en cours au Musée National de l’Automobile de Turin, sobrement intitulée Le Auto dell’Avvocato). La vitesse, oui (l’immobilité l’ennuyait), mais le style d’abord.

Le Stealth et l'Extra Beat de Gianni Agnelli

Avant le Stealth : autres voiliers de Gianni Agnelli

Parmi les premières acquisitions navales de Gianni Agnelli, quatre doivent retenir notre attention, à la fois d’un point de vue sportif et d’un point de vue esthétique : l’Extra Beat, déjà cité, le Tomahawk, l’Agneta et le Capricia.

Premier achat en date (1956), un yacht d’époque tout en acier et en acajou, le Tomahawk : un 12 mètres construit en 1939 sur un dessin de Charles Nicholson pour concurrencer le Vim lors de le Course de l’America. Gianni Agnelli le céda à sa sœur Susanna en 1962. Il demeura ensuite dans le giron du Cercle de la Rame et de la Voile Italiennes jusqu’en 1982.

L’Agneta, dessiné par le Suédois Knud Reimers pour son usage personnel, est un yawl bermudien de 25 mètres dont la construction date de 1948. Avec sa vernie et ses grandes voiles pourpres, il est sans doute le voilier le plus emblématique du luxueux art de vivre de Giovanni Agnelli, qui en fut propriétaire de 1957 à 1982. Se succédèrent à son bord, au large de Capri, de Porto Rotondo ou de Saint-Tropez, des personnalités aussi célèbres qu’Anita Ekberg, Rita Hayworth, et, paraît-il, Jackie Onassis.

l'Agneta de Gianni Agnelli

Le Capricia, autre yawl (22 mètres), dessiné par Sparkman & Stephens et construit en Suède, a été acheté en 1965, soit deux ans après son lancement. Les images ne manquent pas de l’Avvocato contemplant la mer à son bord, ou plongeant depuis le pont. Il fut donné à la Marine italienne en 1993. Il est utilisé depuis en tant que bateau d’entraînement pour les jeunes officiers. Pour en apprécier pleinement les détails, rendez-vous ici.

le Capricia de Gianni Agnelli

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