Gianfranco Bommezzadri

Gianfranco Bommezzadri : et Parme inventa la couture !

Dans la région de Parme, on entend souvent parler de Caruso (pardon, de la Fabbrica Sartoriale Italiana), et moins de son voisin et concurrent direct, Gianfranco Bommezzadri. Un concurrent plus petit, certes, si l’on raisonne uniquement en termes de taille, mais non moins méritant, et dont la croissance continue au fil des années en dit long sur le crédit qu’il a su acquérir auprès de ses partenaires internationaux. Je vous en parlais il y a quelques mois, l’entreprise parmesane (60 ans d’existence cette année) multiplie les labels (ma préférence allant vers Paideia, peut-être un peu plus difficile d’accès) mais travaille aussi pour de grands comptes dont, bien entendu, je tairai le nom.

Ayant été invité à visiter les ateliers il y a quelques semaines, je n’ai pas été étonné d’y découvrir une double culture du vêtement, à la fois industrielle et artisanale. Je n’en donnerai qu’un exemple. Peu d’entreprises textiles sont aujourd’hui capables de proposer un entoilage digne de ce nom. Parmi celles qui s’y emploient, on compte quelques noms connus (Canali, Corneliani, Caruso, déjà cité) et quelques PME, le plus souvent familiales, disséminées en Italie et connues seulement des spécialistes. La question est : qu’est-ce qui distingue un entoilé 100% industriel d’un entoilé Bommezzadri ? Et la réponse n’est pas seulement : le temps passé, bien qu’il s’agisse d’un élément important, mais surtout la nature des opérations et l’ordre dans lequel ces opérations sont réalisées. Alors que, dans un cas, les quantités à produire impliquent une taylorisation intégrale du processus, autrement dit une chaîne transitive parfaitement immuable, dans l’autre, la logique artisanale autorise des allers-retours entre deux étapes, entre deux postes, et, le cas échéant, des entorses à la productivité. Il n’est pas question de dire que l’organisation d’une petite unité comme Bommezzadri est irrationnelle (elle ne l’est pas, en témoigne par exemple la découpe des tissus), mais qu’elle conserve quelque chose de l’esprit tailleur qui était sa raison d’être à l’origine, quand monsieur Gianfranco Bommezzadri s’occupait uniquement de répondre aux quelques centaines de commandes mensuelles émanant des magasins de demi-mesure de la région. Il n’est pas question non plus de dénigrer un travail industriel qui reste de bonne qualité (voire, dans certains cas, de très bonne qualité), il s’agit simplement de délimiter les frontières des uns et des autres. Or, ces frontières ne sont pas poreuses.

Autre fait dont je n’ai pas été surpris, et qui mérite toute notre attention : bien qu’il ait cédé la direction de l’entreprise à son fils, Enrico, Gianfranco Bommezzadri, 79 ans, continue à veiller sur sa bonne marche. Premier arrivé, à 8 heures 30, il n’est pas rare qu’il quitte l’usine le dernier. Pour l’avoir vu à l’œuvre (ou, pour mieux dire, à la manœuvre), je peux assurer qu’il est loin d’y faire de la figuration. Tandis que son fils gère le bureau de style et les relations commerciales, le patriarche a un œil sur tout et ne se prive pas de mettre la main à la pâte. Une belle leçon entrepreneuriale qui n’est pas sans rappeler, là encore, le métier de tailleur – bien que la comparaison s’arrête là. Comme je le répète souvent (et le constate encore plus), mieux vaut un bon prêt-à-porter qu’une mauvaise mesure. Plus de photos prochainement.

Gianfranco Bommezzadri : visite de l’usine en images

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