Epaule napolitaine, veste napolitaine

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L’épaule napolitaine : pourquoi, pour qui, pour ou contre ?

Objet de discussion voire de dispute entre connaisseurs, l’épaule napolitaine ressemble à ces vieux monstres légendaires que tout le monde croit avoir vus et dont l’existence incertaine nourrit l’imaginaire collectif. Chacun y va de sa définition, censée refléter l’étendue de son expérience. Malgré la vanité de l’exercice, il n’est peut-être pas inutile de nous y frotter à notre tour, afin de d’essayer de dégager les traits essentiels de cet ectoplasme stylistique qui plaît aux uns, agace les autres, et indiffère la plupart de ceux qui pensent qu’un costume est un costume, point.

En matière de style de costume ou de style de veste, il est d’usage d’opposer le Nord et le Sud à travers les deux sanctuaires de la culture tailleur, Paris leur ayant définitivement cédé le pas : Savile Row et Naples. Alors que la tradition anglaise privilégie une coupe droite, plutôt stricte, une ligne d’épaule très structurée, des tissus épais et résistants, les tailleurs napolitains préfèrent mettre l’accent sur la légèreté et la souplesse caractérisant la coupe comme le choix des tissus, et souligner sans les accentuer les formes naturelles du corps. Les tailleurs romains ayant adopté plus ou moins les vues des tailleurs britanniques, il est d’usage de parler de style romain (ou, pour les Américains, de style continental, incarné par exemple par Brioni), par opposition au style napolitain et à sa fameuse épaule (que la notoriété grandissante de marques comme Kiton ou Isaia ont soudain rendue populaire, toutes proportions gardées).

L’épaule napolitaine est une épaule sans rembourrage ni épaulette (soft shoulder, en anglais), ou comportant le moins de rembourrage possible. On peut la dire tombante dans la mesure où elle épouse la ligne naturelle de l’épaule (quand l’épaule romaine, elle, crée une nouvelle ligne par-dessus la première). Elle peut parfois être spalla camicia (littéralement « épaule de chemise ») ou manica camicia (« manche de chemise ») à cause de son montage « à la manière de » qui exige de la part du tailleur une adresse extrême, les deux parties devant être ajustées bord à bord sans aucun excédent de tissu. Rappelons que, par tradition, la chemise napolitaine comporte des fronces (grinze) généreusement distribuées à la jonction de l’emmanchure et de la tête de manche. Ce type de montage n’est d’ailleurs pas spécifique aux vestes, on le retrouve également sur certains manteaux, où il apporte là encore un réel confort de mouvement dû en grande partie à l’étroitesse de l’emmanchure par rapport à la tête de manche. L’épaule spalla camicia doit être distinguée de l’épaule dite con rollino (ou épaule enroulée, ou cigarette, roped shoulder en anglais) : la tête de manche se soulève de quelques millimètres au-dessus de la ligne de l’épaule pour s’arrondir, d’où l’impression d’enroulement. Pour plus de précisions techniques (et de schémas), je ne peux que renvoyer à l’excellent article de Stiff Collar sur le sujet.

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Comment reconnaître une veste napolitaine ?

L’épaule napolitaine peut permettre de définir la veste napolitaine mais n’en constitue pas un critère suffisant. Car non seulement tous les tailleurs napolitains ne l’utilisent pas, mais de nombreux tailleurs non napolitains l’utilisent, ce qui rajoute à la confusion. Plus encore que par son montage d’épaule spécifique, spalla camicia ou con rollino, la veste napolitaine se caractérise par sa souplesse et sa légèreté, due à une utilisation minimale de rembourrage (padding) au niveau des épaules, et par sa taille ajustée ou cintrée. Une emmanchure plus large que sur une veste romaine ou anglaise, des revers plus larges également, des pans de veste plus courts et plus ouverts qui maintiennent cependant les hanches, constituent en revanche des signes qui ne trompent pas, l’objectif étant de faire ressortir le torse tout en flattant la taille. Dernier détail caractéristique, la poche barchetta (« petit bateau », en italien), de forme concave, gage, elle aussi, de proportions harmonieuses au niveau du torse.

Que la veste napolitaine doive être conseillée aux hommes à forte carrure, c’est un point sur lequel on peut discuter. Comme toute veste déstructurée, elle convient également aux silhouettes fines et allongées. Seule certitude, elle est incomparablement plus confortable qu’aucune veste alourdie de rembourrages.

 

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